Hunimalité

 

Avec l’hybridité pour fil conducteur, c’est un panorama très ouvert de la peinture récente de l’artiste belge Bernard Gaube que propose cette nouvelle exposition à l’ahah. Fusionnant « humanité » et « animalité », le néologisme du titre « hunimalité » fait écho au vaste répertoire de métamorphoses qui anime cette œuvre, polymorphe et polysémique. Au-delà du jeu combinatoire formel, cet ensemble sang-mêlé se découvre comme un point de vue décentré à l’ère anthropocène. Depuis les croisements d’espèces – humaines, animales, végétales ou minérales –, l’hybridité est pensée dans l’œuvre comme un rapprochement entre soi et l’autre, ainsi qu’en témoignent les nombreux autoportraits accueillant une multitude d’identités et de cultures.

L’association récurrente du mot et de l’image décline une autre forme d’hybridité, inscrite dans la tradition de la correspondance entre les arts de l’ « ut pictura poesis », et partisane d’une réconciliation – ou d’un dépassement – des registres figuratifs et abstraits. Enfin, les tableaux récents privilégient une intermédialité qui intègre au sein des compositions picturales l’espace et les effets du numérique.

Nourries de littérature, de mythologie, d’iconographie religieuse ainsi que des toiles de maîtres, les peintures de Bernard Gaube se présentent comme des morceaux d’histoires, petites et grandes, celles des flux migratoires et des manifestations politiques aux anecdotes plus personnelles déployées dans les Short Stories. Témoin de son époque, son œuvre donne à voir des faits de société et des fragments d’actualité sur lesquels l’artiste porte un regard curieux, poétique et critique, toujours soigneusement ouvert à l’interprétation.